Le LTM (Last Twelve Months) désigne les performances d’une entreprise calculées sur les douze derniers mois glissants. Contrairement aux données d’un exercice fiscal clos, le LTM offre une photographie actualisée en continu de la santé financière d’une société. Cet indicateur s’impose aujourd’hui comme un standard dans les salles de marché, les départements M&A et les directions financières. Pour les investisseurs comme pour les dirigeants, maîtriser le LTM, c’est disposer d’une base de travail commune pour mesurer une trajectoire récente, comparer des entreprises entre elles et prendre des décisions éclairées. Vous découvrirez dans cet article comment calculer ces indicateurs, les intégrer dans vos analyses et en tirer profit dans vos échanges avec vos partenaires financiers.
Panorama du LTM en finance et de ses usages clés

Le LTM s’est imposé comme une référence incontournable dans l’analyse financière moderne. Il répond à un besoin simple : disposer d’une vision récente de la performance d’une entreprise sans être contraint par le calendrier des clôtures annuelles. Cette approche dynamique séduit les analystes boursiers, les équipes de corporate finance et les investisseurs en private equity, qui cherchent tous à capter la réalité économique la plus fraîche possible.
Comment le LTM s’inscrit dans le paysage de la finance d’entreprise
Le LTM représente les douze derniers mois écoulés, calculés à partir de la date d’analyse. Contrairement à un exercice fiscal qui démarre le 1er janvier et se termine le 31 décembre, le LTM glisse en permanence. Si vous consultez les résultats d’une entreprise en mars 2025, le LTM couvrira la période d’avril 2024 à mars 2025. Cette fenêtre mobile devient un langage commun entre les directions financières, leurs conseils d’administration et les actionnaires. Elle permet d’actualiser rapidement les grands indicateurs sans attendre la publication du rapport annuel complet.
En finance d’entreprise, le LTM sert notamment dans les présentations aux investisseurs, les pitchs de levée de fonds et les comités de direction. Un CFO peut par exemple présenter un chiffre d’affaires LTM de 50 millions d’euros en juillet, alors que le dernier exercice clos remonte à décembre et affichait 45 millions. Cette différence de 5 millions témoigne d’une accélération récente que les comptes annuels seuls ne captureraient pas avant plusieurs mois.
Pourquoi les investisseurs privilégient souvent les indicateurs financiers en LTM
Les investisseurs recherchent avant tout la pertinence temporelle. Un résultat annuel publié en avril 2025 pour l’exercice 2024 peut déjà être décalé par rapport à la dynamique actuelle de l’entreprise. En s’appuyant sur le LTM, ils obtiennent une lecture qui intègre les derniers trimestres et élimine les trimestres les plus anciens. Cette mécanique permet de détecter les inflexions de trajectoire : accélération de la croissance, dégradation de la marge, amélioration du cash-flow.
Dans le monde du capital-investissement, les multiples de valorisation appliqués lors d’une prise de participation reposent fréquemment sur un EBITDA LTM. Un fonds qui valorise une cible à 8 fois son EBITDA LTM de 10 millions d’euros proposera un prix d’entreprise de 80 millions. Cette méthode rassure l’acheteur : il paie sur une base de rentabilité récente et vérifiable, pas sur des projections ou des performances vieilles d’un an.
LTM, TTM, NTM : clarifier les acronymes fréquents de la finance
Le LTM et le TTM (Trailing Twelve Months) sont largement synonymes. Certains analystes utilisent l’un ou l’autre selon les habitudes de leur secteur ou leur région, mais la logique reste identique : mesurer les douze derniers mois écoulés. Le TTM apparaît souvent dans les bases de données financières américaines comme Bloomberg ou FactSet.
À l’inverse, le NTM (Next Twelve Months) repose sur des prévisions. Il agrège les estimations des douze prochains mois, généralement issues de consensus d’analystes ou de budgets internes. Croiser un multiple LTM et un multiple NTM permet d’évaluer si le marché valorise plutôt le passé récent ou les perspectives futures. Par exemple, un titre qui se traite à 15 fois son EBITDA LTM mais seulement 10 fois son EBITDA NTM suggère que les investisseurs anticipent une forte croissance de rentabilité.
| Acronyme | Signification | Base temporelle |
|---|---|---|
| LTM | Last Twelve Months | 12 derniers mois réalisés |
| TTM | Trailing Twelve Months | 12 derniers mois réalisés |
| NTM | Next Twelve Months | 12 prochains mois prévisionnels |
Calcul du LTM en finance et principaux indicateurs utilisés

Calculer un indicateur en LTM nécessite de bien comprendre la structure des publications financières. La plupart des entreprises cotées publient des résultats trimestriels, ce qui facilite grandement la reconstitution des douze derniers mois. Pour les sociétés non cotées, il faut parfois s’appuyer sur des comptes semestriels ou des reportings internes.
Comment calcule-t-on concrètement un indicateur financier en LTM
La méthode la plus courante consiste à additionner les quatre derniers trimestres publiés. Prenons un exemple concret avec une entreprise qui clôture au 31 décembre. En mai 2025, elle publie ses résultats du T1 2025. Pour obtenir le chiffre d’affaires LTM au 31 mars 2025, vous additionnez :
- T1 2025 (janvier-février-mars)
- T4 2024 (octobre-novembre-décembre)
- T3 2024 (juillet-août-septembre)
- T2 2024 (avril-mai-juin)
Une autre approche, moins fréquente mais parfois nécessaire, part du dernier exercice annuel et ajuste avec les données trimestrielles. Si vous disposez du chiffre d’affaires annuel 2024 et des résultats T1 2025 et T1 2024, vous calculez : CA annuel 2024 + CA T1 2025 – CA T1 2024. Cette méthode donne le même résultat que la somme des quatre trimestres.
Certaines entreprises publient directement des indicateurs LTM dans leurs communiqués de presse ou leurs présentations investisseurs. Dans ce cas, vérifiez toujours la méthodologie employée, notamment le traitement des éléments non récurrents ou des changements de périmètre.
Quels indicateurs clés sont le plus souvent analysés en mode LTM
Le chiffre d’affaires LTM constitue la base. Il mesure la taille récente de l’activité et sert souvent de référence pour calculer des parts de marché ou des taux de croissance. Dans le secteur technologique, les entreprises SaaS mettent en avant leur ARR (Annual Recurring Revenue) LTM pour montrer la récurrence de leurs revenus.
L’EBITDA LTM (résultat avant intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions) est l’indicateur de rentabilité le plus scruté. Il permet de comparer des entreprises ayant des structures d’endettement ou des politiques d’amortissement différentes. Un EBITDA LTM de 15 millions d’euros pour un chiffre d’affaires LTM de 100 millions donne une marge d’EBITDA de 15%, chiffre clé pour évaluer la profitabilité opérationnelle.
Le free cash-flow LTM mesure la trésorerie générée après investissements. Cet indicateur intéresse particulièrement les actionnaires et les créanciers, car il reflète la capacité réelle de l’entreprise à rémunérer ses parties prenantes ou à rembourser sa dette. Dans l’industrie, où les besoins en fonds de roulement peuvent être lourds, le free cash-flow LTM révèle si la croissance se traduit effectivement en liquidités disponibles.
Quelles limites présente le calcul LTM dans des activités très saisonnières
Les secteurs saisonniers comme le tourisme, la distribution de jouets ou l’agriculture connaissent des variations de chiffre d’affaires très marquées selon les mois. Un LTM calculé en janvier, juste après la période de Noël, intégrera un pic d’activité majeur. Un LTM calculé en juin, après des mois plus calmes, présentera un profil différent.
Cette sensibilité au point de mesure peut fausser les comparaisons. Imaginons deux entreprises de ski : l’une publie son LTM au 30 juin, l’autre au 31 décembre. La première aura intégré toute la saison d’hiver dans son LTM, la seconde aura un LTM qui couvre une partie de la saison précédente et le début de la saison en cours. Pour neutraliser ce biais, les analystes comparent systématiquement des LTM à dates identiques d’une année sur l’autre.
Dans ces contextes, il devient utile de croiser le LTM avec d’autres indicateurs : taux de croissance à périmètre constant, analyse par saison, ou encore comparaison avec les moyennes sectorielles ajustées de la saisonnalité. Certains professionnels préfèrent alors utiliser des moyennes mobiles sur plusieurs années pour lisser les effets calendaires.
Exploiter le LTM dans l’analyse financière, la valorisation et le M&A
Une fois les données LTM en main, l’enjeu est d’en tirer des conclusions opérationnelles. Le LTM devient un outil de pilotage, de valorisation et de négociation, à condition de l’utiliser avec méthode et discernement.
Comment le LTM s’intègre dans les multiples de valorisation boursiers
Les multiples de valorisation comparent la valeur d’une entreprise à une grandeur financière. Le ratio EV/EBITDA LTM (Enterprise Value divisé par EBITDA Last Twelve Months) est l’un des plus répandus. Il permet de comparer des sociétés de tailles et de secteurs différents sur une base homogène. Un groupe coté qui affiche un EV/EBITDA LTM de 12 sera jugé plus cher qu’un concurrent à 8, toutes choses égales par ailleurs.
Le PER LTM (Price Earnings Ratio sur douze mois glissants) divise la capitalisation boursière par le résultat net LTM. Les investisseurs en actions l’utilisent pour juger si un titre est surévalué ou sous-évalué. Un PER LTM de 20 signifie que le marché valorise l’entreprise vingt fois son bénéfice récent. Si le PER moyen du secteur est de 15, cela peut indiquer des attentes de croissance supérieures ou une prime de qualité.
Ces multiples LTM servent de référence lors des introductions en bourse. Les banques conseils comparent la valorisation proposée aux multiples LTM de sociétés comparables pour fixer une fourchette de prix crédible. Le LTM évite ainsi de valoriser une entreprise sur des résultats trop anciens ou trop volatils.
En quoi le LTM facilite la comparaison entre entreprises et au fil du temps
Le LTM efface les décalages de calendrier. Deux entreprises ayant des clôtures en mars et en décembre peuvent être comparées sur une même base LTM à fin septembre, par exemple. Cette harmonisation temporelle simplifie les analyses sectorielles et les benchmarks de performance.
En suivi de gestion, le LTM permet de tracer une courbe d’évolution continue. Chaque trimestre, vous recalculez vos indicateurs LTM et constatez s’ils progressent, stagnent ou reculent. Cette trajectoire lissée filtre une partie du bruit trimestriel et fait ressortir les tendances de fond : amélioration structurelle de la marge, montée en puissance d’un nouveau produit, dégradation du mix client.
Un tableau de bord classique peut ainsi présenter trois colonnes : LTM actuel, LTM à la même date l’année précédente, et variation en pourcentage. Cette présentation simple et efficace permet de dialoguer facilement avec un conseil d’administration ou des actionnaires minoritaires.
Pourquoi le LTM est central dans les transactions de M&A et de private equity
Dans une opération de fusion-acquisition, l’acheteur veut payer sur une base de rentabilité vérifiable et récente. Le vendeur, de son côté, cherche à valoriser les efforts récents et la dynamique actuelle. Le LTM devient le terrain de négociation commun. Les lettres d’intention mentionnent souvent un prix calculé comme un multiple d’EBITDA LTM, avec des ajustements pour normaliser certains postes : coûts non récurrents, rémunérations exceptionnelles, effets de change.
Les fonds de private equity structurent leurs modèles de retour sur investissement en partant d’un EBITDA LTM à l’entrée, puis en projetant une croissance et une amélioration de marge. À la sortie, cinq ou sept ans plus tard, ils valorisent la société sur un nouvel EBITDA LTM, appliquent un multiple de marché et calculent leur TRI (Taux de Rentabilité Interne). Le LTM sert ainsi de point d’ancrage à l’entrée comme à la sortie.
En phase de due diligence, les acquéreurs reconstituent eux-mêmes le LTM à partir des comptes détaillés. Ils vérifient la cohérence des chiffres, excluent les éléments non récurrents et s’assurent que la performance récente n’est pas artificiellement gonflée par des décalages comptables ou des one-shots commerciaux.
Mettre en pratique le LTM dans votre reporting et vos décisions financières
Au-delà des analystes professionnels, tout dirigeant ou responsable financier peut intégrer le LTM dans ses outils de pilotage. Cette approche apporte une vision actualisée, facilite le dialogue avec les parties prenantes et améliore la qualité des décisions.
Comment intégrer des indicateurs LTM dans vos tableaux de bord financiers
Commencez par identifier les trois ou quatre indicateurs les plus stratégiques pour votre activité : chiffre d’affaires, marge brute, EBITDA, free cash-flow. Ajoutez une colonne LTM dans votre reporting mensuel ou trimestriel, à côté des données de la période en cours et du cumul annuel. Cette simple addition offre une lecture enrichie de vos performances.
Pour automatiser le calcul, reliez votre tableau de bord à votre système comptable ou ERP. Si vous travaillez sur Excel, une formule peut additionner les douze derniers mois mobiles en fonction de la date de consultation. Veillez à documenter clairement la méthodologie : quels postes sont inclus, comment sont traités les changements de périmètre, quelle est la source des données.
Présentez ces indicateurs LTM lors de vos comités de direction, en les comparant à ceux du trimestre précédent et de l’année passée. Cette mise en perspective permet de repérer rapidement les inflexions : si votre EBITDA LTM stagne alors que votre chiffre d’affaires LTM progresse, c’est que vos marges se dégradent, signal d’alerte pour investiguer.
Quels réflexes adopter pour bien interpréter la performance récente en LTM
Un bon réflexe consiste à comparer le LTM actuel au LTM de la même période l’année précédente. Cette comparaison en glissement annuel (year-over-year) neutralise les effets saisonniers et met en lumière la croissance organique. Un chiffre d’affaires LTM de 60 millions en mars 2025 contre 55 millions en mars 2024 traduit une progression de 9%.
Croisez ensuite le LTM avec votre budget ou votre business plan. Si vous aviez prévu un EBITDA LTM de 18 millions et que vous en réalisez 16, l’écart de 2 millions mérite une analyse détaillée : retard dans un projet, perte d’un client majeur, hausse imprévue des coûts. Le LTM devient ainsi un outil de contrôle de gestion dynamique.
Enfin, complétez la lecture financière par des indicateurs opérationnels : nombre de clients actifs, panier moyen, taux de conversion, taux de rétention. Un EBITDA LTM en hausse accompagné d’un churn client en hausse peut signaler un problème de qualité ou de satisfaction qui finira par peser sur la croissance future.
Comment le LTM peut vous aider à dialoguer avec vos banques et investisseurs
Lors d’une demande de crédit, présenter un EBITDA LTM robuste et en croissance rassure le banquier. Il voit que votre capacité de remboursement est récente et tangible, pas basée sur des performances vieilles de dix-huit mois. Certains covenants bancaires sont d’ailleurs formulés en LTM : ratio dette nette/EBITDA LTM inférieur à 3, par exemple. Suivre votre LTM en continu vous permet d’anticiper un risque de breach et de prendre des mesures correctives.
Dans le cadre d’une levée de fonds, les investisseurs en capital vous demanderont systématiquement vos derniers chiffres LTM. Préparez un document synthétique qui présente chiffre d’affaires, EBITDA et cash-flow LTM, accompagné d’une analyse des variations et des perspectives. Cette transparence facilite les échanges et accélère le processus de due diligence.
Enfin, lors de boards ou d’assemblées générales, présenter l’évolution du LTM trimestre après trimestre montre votre rigueur de gestion. Les actionnaires apprécient de voir une entreprise pilotée avec des outils financiers standards, comparables à ceux utilisés dans d’autres sociétés de leur portefeuille. Le LTM devient ainsi un langage commun qui fluidifie la gouvernance et renforce la confiance.
Le LTM (Last Twelve Months) s’est imposé comme un standard incontournable en analyse financière, valorisation et pilotage d’entreprise. Il offre une vision actualisée des performances, neutralise les décalages de calendrier et facilite les comparaisons dans le temps et entre sociétés. Maîtriser le calcul et l’interprétation des indicateurs LTM vous permet de prendre des décisions plus éclairées, de dialoguer efficacement avec vos partenaires financiers et d’anticiper les inflexions de votre activité. Que vous soyez dirigeant, responsable financier ou investisseur, intégrer le LTM dans vos tableaux de bord et vos analyses constitue un réflexe simple et puissant pour piloter la performance avec précision.
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